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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/557

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ACTE II, SCÈNE IV.
CLARICE.

Cesse de me tuer par cette défiance.
Qui pourroit des mortels troubler notre alliance ?
625Quelqu’un a-t-il à voir dessus mes actions,
Dont j’aye à prendre l’ordre en mes affections[1] ?
Veuve, et qui ne dois plus de respect à personne,
Ne puis-je disposer de ce que je te donne[2] ?

PHILISTE.

N’ayant jamais été digne d’un tel honneur,
630J’ai de la peine encore à croire mon bonheur.

CLARICE.

Pour t’obliger enfin à changer de langage.
Si ma foi ne suffit, que je te donne en gage,
Un bracelet, exprès tissu de mes cheveux,
T’attend pour enchaîner et ton bras et tes vœux ;
635Viens le quérir, et prendre avec moi la journée
Qui termine bientôt notre heureux hyménée[3].

PHILISTE.

C’est dont vos seuls avis se doivent consulter :
Trop heureux, quant à moi, de les exécuter !

LA NOURRICE, seule.

Vous comptez sans votre hôte, et vous pourrez apprendre
640Que ce n’est pas sans moi que ce jour se doit prendre.
De vos prétentions Alcidon averti[4]
Vous fera, s’il m’en croit, un dangereux parti[5].
Je lui vais bien donner de plus sûres adresses
Que d’amuser Doris par de fausses caresses ;

    Est le seul fondement de mon incertitude. Ma reine, est-il possible, et me puis-je assurer. (1634)

  1. Var. Qui prescrive une règle à nos affections. (1634-60)
  2. Var. Puis-je pas disposer de ce que je te donne ? (1634-57)
  3. Var. Que termine bientôt notre heureux hyménée. (1663)
  4. Var. Alcidon, averti de ce que vous brassez,
    Va rendre en un moment vos desseins renversés. (1634)
  5. Var. Vous fera, s’il me croit, un dangereux parti. (1644-57)