Allons : mon heur dépend de vos commandements.
Scène VII.
Ma douleur, qui s’obstine à combattre ma joie,
Pousse encor des soupirs, bien que je vous revoie ;
Et l’excès des plaisirs qui me viennent charmer
Mêle dans ces douceurs je ne sais quoi d’amer.
Mon âme en est ensemble et ravie et confuse :
D’un peu de lâcheté votre retour m’accuse,
Et votre liberté me reproche aujourd’hui
Que mon amour la doit à la pitié d’ autrui.
Elle me comble d’aise et m’accable de honte :
Celui qui vous la rend, en m’obligeant m’affronte ;
Un coup si glorieux n’appartenoit qu’à moi.
Vois-tu dans mon esprit des doutes de ta foi ?
Y vois-tu des soupçons qui blessent ton courage,
Et dispensent ta bouche[1] à ce fâcheux langage ?
Ton amour et tes soins trompés par mon malheur,
Ma prison inconnue a bravé ta valeur.
Que t’importe à présent qu’un autre m’en délivre,
Puisque c’est pour toi seul que Clarice veut vivre,
Et que d’un tel orage en bonace réduit
Célidan a la peine, et Philiste le fruit ?
Mais vous ne dites pas que le point qui m’afflige
C’est la reconnoissance où l’honneur vous oblige :
- ↑ Voyez p. 208, note 2.