Lui garder en votre âme un peu de souvenir[1].
La mienne en est jalouse, et trouve ce partage,
Quelque inégal qu’il soit, à son désavantage :
Je ne puis le souffrir. Nos pensers à tous deux[2]
Ne devroient, à mon gré, parler que de nos feux ;
Tout autre objet que moi dans votre esprit me pique.
Ton humeur, à ce compte, est un peu tyrannique :
Penses-tu que je veuille un amant si jaloux ?
Je tâche d’imiter ce que je vois en vous :
Mon esprit amoureux, qui vous tient pour sa reine,
Fait de vos actions sa règle souveraine.
Je ne puis endurer ces propos outrageux :
Où me vois-tu jalouse, afin d’être ombrageux[3] ?
Quoi ? ne l’étiez-vous point l’autre jour qu’en visite
J’entretins quelque temps Bélinde et Chrysolite ?
Ne me reproche point l’excès de mon amour.
Mais permettez-moi donc cet excès à mon tour :
Est-il rien de plus juste, ou de plus équitable ?
Encor pour un jaloux tu seras fort traitable,
Et n’es pas maladroit en ces doux entretiens[4],
D’accuser mes défauts pour excuser les tiens ;
- ↑ Var. Lui garder en votre âme un petit souvenir. (1634-60)
- ↑ Var. Je ne le puis souffrir. Nos pensers à tous deux. (1634-57)
- ↑ Var. Où m’as-tu vu jalouse, afin d’être ombrageux ?
phil. Ce fut, vous le savez, l’autre jour qu’en visite. (1634-60) - ↑ Var. Et tu sais dextrement dedans nos entretiens
Accuser mes défauts en excusant les tiens. (1634-57)