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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/621

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ACTE V, SCÈNE VIII.

Cesse de me tenir dedans l’incertitude :
Dis-moi par où je puis sortir d’ingratitude ;
Donne-moi le moyen, après un tel bienfait,
De réduire pour loi ma parole en effet.

CÉLIDAN, à Philiste.

1875S’il est vrai que ta flamme et celle de Clarice
Doivent leur bonne issue à mon peu de service,
Qu’un bon succès par moi réponde à tous vos vœux,
J’ose t’en demander un pareil à mes feux.
J’ose te demander, sous l’aveu de Madame,
1880Ce digne et seul objet de ma secrète flamme[1],
Cette sœur que j’adore, et qui pour faire un choix
Attend de ton vouloir les favorables lois.

PHILISTE, à Célidan.

Ta demande m’étonne ensemble et m’embarrasse.
Sur ton meilleur ami tu brigues cette place,
1885Et tu sais que ma foi la réserve pour lui.

CHRYSANTE, à Philiste.

Si tu n’as entrepris de m’accabler d’ennui.
Ne te fais point ingrat pour une âme si double.

PHILISTE, à Célidan.

Mon esprit divisé de plus en plus se trouble ;
Dispense-moi, de grâce, et songe qu’avant toi
1890Ce bizarre Alcidon tient en gage ma foi[2],
Si ton amour est grand, l’excuse t’est sensible ;
Mais je ne t’ai promis que ce qui m’est possible ;

  1. Var. Celle qui de tout temps a possédé mon âme,
    Une sœur qui, reçue en mon lit pour moitié (a),
    D’un lien plus étroit serre notre amitié. (1634-57)
    (a). Une sœur qui, reçue à mon lit pour moitié. (1654 et 57)
  2. Var. Ce colère Alcidon tient en gage ma foi.
    célidan, à Philiste. Voilà de ta parole un manque trop visible.
    philiste, à Célidan. Je t’ai bien tout promis ce qui m’étoit possible.
    Mais une autre promesse ôte de mon pouvoir
    Ce qu’aux plaisirs reçus je me sais trop devoir. (1634-57)