Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au Roi sur le retardement de sa pension. Ce texte et le suivant se trouvent à la Bibliothèque impériale.


Sous ce tombeau repose un roi qui fut sans vice,
Dont la seule bonté fit tort aux bons François,
Et qui pour tout péché ne fit qu’un mauvais choix,
Dont il fut à la fois et victime et complice.

L’ambition, l’orgueil, la fraude, l’avarice,
Saisis de son pouvoir, nous donnèrent des lois ;
Et bien qu’il fût en soi le plus juste des rois,
Son règne fut pourtant celui de l’injustice.

Craint de tout l’univers, esclave dans sa cour,
Son tyran et le nôtre à peine sort du jour,
Que jusque dans sa tombe il le force à le suivre.

Jamais de tels malheurs furent-ils entendus ?
Après trente-trois ans sur le trône perdus,
Commençant à régner, il a cessé de vivre.



Sonnet sur la mort de Louis XIII. Feuillet imprimé, différent du précédent, ajouté à d’autres exemplaires du même ouvrage, et ne contenant que le sonnet.


Sous ce marbre repose un monarque françois,
Que ne sauroit l’envie accuser d’aucun vice ;
Il fut et le plus juste et le meilleur des rois,
Son règne fut pourtant celui de l’injustice.

L’ambition, l’orgueil, l’intérêt, l’avarice,
Revêtus de son nom, nous donnèrent des lois ;
Sage en tout, il ne fit jamais qu’un mauvais choix,
Dont longtemps nous et lui portâmes le supplice.

Vainqueur de toutes parts, esclave dans sa cour,
Son tyran et le nôtre à peine sort du jour,
Que jusque dans la tombe il le force à le suivre.

Jamais pareils malheurs furent-ils entendus ?