Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/109

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Quand j’ai peint un Horace, un Auguste, un Pompée,
Assez heureusement ma muse s’est trompée,
Puisque, sans le savoir, avecque leur portrait
Elle tiroit du tien un admirable trait. 40
Leurs plus hautes vertus qu’étale mon ouvrage
N’y font que prendre un rang pour former ton image.
Quand j’aurai peint encor tous ces vieux conquérants,
Les Scipions vainqueurs, et les Catons mourants,
Les Pauls, les Fabiens, alors de tous ensemble 45
On en verra sortir un tout qui te ressemble ;
Et l’on rassemblera de leur pompeux débris
Ton âme et ton courage, épars dans mes écrits.
Souffre donc que pour guide au travail qui me reste
J’ajoute ton exemple à cette ardeur céleste, 50
Et que de tes vertus le portrait sans égal
S’achève de ma main sur son original ;
Que j’étudie[1] en toi ces sentiments illustres

    Cum cecini laudes Pompeï aut robur Horati,
    Augustique pios morts, domitumque furorem,
    Musa quidem erravit ; nam dura putat, inscia fati,
    Romanos pinxisse duces, tua facta, tuamque
    Exprimit effigiem : veterum decora alta Quiritum
    Per tot sparsa viros, tot nobilitata tropæis,
    Ad te unum redeunt ; tua in illis vivit imago.
    Nec tamen hic finis ; nam cum celebrabo Catonum
    Funera, Scipiadumque decus, Paulosque sagaces,
    Et cunctatores Fabios, tua gloria surget
    Gonflata ex illis, sed erit magis inclyta virtus.
    Sit mihi fas igitur sub te renovare laborem,
    Adque tui exemplar proceres formare lalinos,
    Et divina tu secreta recludere mentis,
    Versuque arcanos generoso expromere sensus

  1. Granet a mis : « Quand j’étudie. »