Qu’a conservés[1] ton sang à travers tant de lustres,
Et que le ciel propice et les destins amis
De tes fameux Romains en ton âme ont transmis.
Alors de tes couleurs peignant leurs aventures,
J’en porterai si haut les brillantes peintures.
Que ta Rome elle-même, admirant mes travaux,
N’en reconnoîtra plus les vieux originaux,
Et se plaindra de moi de voir sur eux gravées
Les vertus qu’à toi seul elle avoit réservées,
Cependant qu’à l’éclat de tes propres clartés
Tu te reconnoîtras sous des noms empruntés.
Mais ne te lasse point d’illuminer mon âme,
Ni de prêter ta vie à conduire ma flamme ;
Et de ces grands soucis que tu prends pour mon roi,
Daigne encor quelquefois descendre jusqu’à moi.
Délasse en mes écrits ta noble inquiétude ;
Quos tibi nascenti Charites, urbisque Quirini
Fata, et sanguis avum stellis transfudit amicis.
Tunc splendore novo afflatus, longo ordine pingam
Romulidas, operique tuos adhibebo colores.
Materiam superabit opus ; talique cothurno
Assurgam, ut nostros Roma admirata labores,
Eloquii stupeat vires, neque prisca suorum
Ora recognoscat : quin et fortasse queretur,
Me ducibus latiis illas adscribere laudes
Quas solus vera ingenii virtute mereris.
Interea proprio late splendore refulgens,
Sæpe tuas alio cernes sub nomine dotes.
Ne tamen, o divine heros, ne subtrahe lumen,
Vive diu, præsensque meis illabere cœptis.
Subduc te regni excubiis, quas nocte dieque
Irrequietus agis, paulumque abrumpe labores
Assiduos, nostroque in carmine dilue curas ;
- ↑ Dans les éditions données par Corneille, dans les Elogia et dans le Recueil, le participe est au singulier, sans accord.