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Mais vous lui refusez un moment de colère[1] ;
Vous m’enviez le bien d’avoir pu vous déplaire ;
Vous dédaignez de voir quels sont mes attentats[2],
Et m’en punissez mieux ne m’en punissant pas.
Une heure de grimace ou froide ou sérieuse[3],
Un ton de voix trop rude ou trop impérieuse,
Un sourcil trop sévère, une ombre de fierté,
M’eût peut-être à vos yeux rendu ma liberté[4].
J’aime, mais en aimant je n’ai point la bassesse[5]
D’aimer jusqu’aux mépris[6] de l’objet qui me blesse ;
Ma flamme se dissipe à la moindre rigueur[7] :
Non qu’enfin mon amour prétende cœur pour cœur ;
Je vois mes cheveux gris : je sais que les années
Laissent peu de mérite aux âmes les mieux nées ;
Que les plus beaux talents des plus rares esprits,
- ↑ Var. Mais vous me refusez un moment de colère ;
Vous m’enviez le bien d’avoir su vous déplaire.
(Manuscrits de Conrart.) - ↑ Var. Et dédaignant de voir quels sont mes attentats,
Vous m’en punissez mieux ne m’en punissant pas.
(Manuscrits de Conrart et des Godefroy.) - ↑ Var. Une heure de grimace un peu trop sérieuse,
Un son de voix trop rude ou trop impérieuse,
Un tour d’œil trop sévère, une ombre de fierté.
(Manuscrits de Conrart.) - ↑ La liberté, dans les Manuscrits des Godefroy, dans les Œuvres diverses et dans les éditions postérieures.
- ↑ Var. J’aime, mais en aimant je n’ai pas la bassesse.
(Manuscrits des Godefroy.) - ↑ Dans les Manuscrits de Conrart et dans ceux des Godefroy il y a le singulier : « au mépris. »
- ↑ Var. Ma flamme s’amortit à la moindre froideur :
Non pas que mon amour prétende cœur pour cœur ;
Je sais que j’ai quelque âge, et qu’un peu trop d’années
Laisse peu de mérite aux âmes les mieux nées.
(Manuscrits de Conrart.)