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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/159

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Je connois mes défauts ; mais après tout, je pense[1] 55
Être pour vous encore un captif d’importance ;
Car vous aimez la gloire, et vous savez qu’un roi
Ne vous en peut jamais assurer tant que moi.
Il est plus en ma main qu’en celle d’un monarque
De vous faire égaler l’amante de Pétrarque, 60
Et mieux que tous les rois je puis faire douter
De sa Laure ou de vous qui le doit emporter[2].
Aussi, je le vois trop, vous aimez à me plaire,
Vous vous rendez pour moi facile à satisfaire ;
Votre âme de mes feux tire un plaisir secret, 65
Et vous me perdriez sans doute avec regret[3].
Marquise, dites donc ce qu’il faut que je fasse :
Vous rattachez mes fers quand la saison vous chasse ;
Je vous avois quittée, et vous me rappelez
Dans le cruel instant que vous vous en allez. 70
Rigoureuse faveur, qui force à disparoître
Ce calme étudié que je faisois renaître[4],
Et qui ne rétablit votre absolu pouvoir
Que pour me condamner à languir sans vous voir !
Payez, payez mes feux d’une plus foible estime, 75
Traitez-les d’inconstants ; nommez ma fuite un crime ;

  1. Var. Je sais tous mes défauts ; mais après tout, je pense.
    (Manuscrits de Conrart.)
  2. Les vers 59-62 ne se trouvent pas dans la copie des Godefroy.
  3. Var. Et vous me perdriez avec quelque regret.
    Dites-moi donc, Iris, ce qu’il faut que je fasse.
    (Manuscrits de Conrart.)
    Var. Et vous me perdriez peut-être avec regret.
    (Manuscrits des Godefroy.)
  4. Var. Ce calme étudié que je voyois renaître,
    Et ne vous rétablit dans tout votre pouvoir.
    (Manuscrits de Conrart.)
    Var. Le calme étudié que j’avois fait renaître.
    (Manuscrits des Godefroy.)