Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/224

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Dites-moi de quels yeux vous vîtes ce grand roi,
Après avoir rangé tant de murs sous sa loi,
Descendre parmi vous de son char de victoire,
Pour vous donner à tous votre part à sa gloire. 270
De quels yeux vîtes-vous son auguste fierté
Unir tant de tendresse à tant de majesté,
Honorer la valeur, estimer le service,
Aux belles actions rendre prompte justice,
Secourir les blessés, consoler les mourants, 275
Et pour vous applaudir passer dans tous vos rangs ?
Parlez, nouveaux François, qui venez de connoître
Quel est votre bonheur d’avoir changé de maître :
Vous qui ne voyiez plus vos princes qu’en portrait,
Sujets en apparence, esclaves en effet, 280
Pouvez-vous regretter ces démarches pompeuses,
Ces fastueux dehors, ces grandeurs sourcilleuses,
Ces gouverneurs enfin envoyés de si loin,

    Dicite, quis menti sensus fuit, aut quibus illum
    Spectastis victorem oculis, cum culmine ab alto
    Cederet immixtus turbæ, communibus omnes
    Vocibus affari, atque operum laudare laborem,
    Vulneraque et sævos dictis mulcere dolores,
    Officiis certare, alios et vincere lætus ?
    Vos modo felices, tanto victore subacti,
    Flandrigenæ, quibus ipsa minus victoria clade
    Profuerat, longamque ferent hæc bella salutem.
    En erit ut, vestras postquam Bellona per urbes
    Sæviit, et patrio longum satiata cruore est,
    Curarum expertem liceat decurrere vitam,
    Et sperare aditus, et principis ora tueri.
    Non ita quos vobis peregrino e littore mittit
    Hispanus dominos : non hanc sibi fingere mores
    Ad speciem soliti, similesque capescere ritus ;
    At secum assidue veterum decora alta parentum
    Et grandes titulos magni versare sub umbra