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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/225

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Tous-puissants en parade, impuissants au besoin,
Qui ne montrant jamais qu’un œil farouche et sombre 285
À peine vous jugeoient dignes de voir leur ombre ?
Nos rois n’exigent point cet odieux respect :
Chacun peut chaque jour jouir de leur aspect ;
On leur parle, on reçoit d’eux-mêmes le salaire
Des services rendus, ou du zèle à leur plaire ; 290
Et l’amoureux attrait qui règne en leurs bontés
Leur gagne d’un coup d’œil toutes les volontés.
Pourriez-vous en vouloir[1] une plus sûre marque,
Belges ? Vous le voyez, cet illustre monarque,
À vos temples ouverts conduire ses vainqueurs 295
Pour y bénir le ciel de vos propres bonheurs[2].
Est-il environné de ces pompes cruelles
Dont à Rome éclatoient les victoires nouvelles,
Quand tout autour d’un char elle voyoit traînés

    Nominis ; aut sese communi prodere luci
    Sicubi contigerit, truculento incedere vultu,
    Cuncta supercilio suspendere, torva tueri,
    Et populo præbere sui spectacula gressus.
    Sed rigor hic tandem tumidique ferocia fastus
    Regis ad aspectum tenues vanescit in auras.
    Hunc adeo effuso devicta per oppida plausu
    Sæpe incedentem vidistis, et ordine longo
    Ad sacra ducentem victrices templa catervas.
    Non illum, laurisque gravem Tyrioque superbum
    Murice, purpurei compta cervice jugales
    Quadrijugo in curru duxere, nec agmina pone
    Captiva implexis visa hic evincta catenis
    Horrendos inter ferri reptare sonores.

  1. Dans les Œuvres diverses : « Pourriez-vous en avoir. »
  2. « Le Roi… marcha dès le dimanche (28 août) après midi, n’ayant fait que passer au travers de Lille, et n’y étant demeuré qu’autant de temps qu’il en fallut pour chanter le Te Deum. » (Relation, p. 137.)