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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/246

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LXXV

Défense des fables dans la poésie.
Imitation du latin.

Cette pièce est imitée fort librement d’un petit poëme latin de Jean-Baptiste Santeul, que nous donnons, comme d’ordinaire, au bas des pages[trad 1]. Il avait été composé à l’occasion de la fameuse dispute sur l’emploi de la fable, que les uns permettaient aux poëtes chrétiens, tandis que d’autres le condamnaient. Dans cette dispute, où intervinrent, entre autres, Pellisson et Bossuet, et qui, renouvelée vingt ans plus tard par les remercîments à la Quintinie, intitulés Pomona, fut close par l’amende honorable, très-élégante et très-spirituelle, adressée par le chanoine de Saint-Victor à l’évêque de Meaux, Santeul eut pour adversaire son propre frère, Claude, plus âgé que Jean-Baptiste de près de deux ans, qui répondit par des vers « aussi latins que chrétiens[1], » à la pièce que Corneille a imitée. Les vers de Claude, comme ceux de Jean-Baptiste, parurent en 1670 ; mais une note de l’édition des Œuvres de Santeul publiée en 1729 nous apprend (tome II, p. 167) que Claude envoya les siens, le 24 août 1669, à l’abbé de Chavigny, depuis évêque de Troyes. Ceux de Jean-Baptiste, adressés à Pierre de Bellièvre, sont donc antérieurs à cette date.

On voyait figurer sous le no 328, dans le catalogue de vente que

  1.  
  1. Voici l’avertissement dont le poëme de Jean-Baptiste est précédé : « Lis erat apud litteratos utrum adhuc liceret figmentis paganorum et fabulis uti. Qui illas proscribere volunt his utuntur ferme rationibus : primo quod aniles fabulæ sint omnes ; deinde quod a moribus Christianis abhorreant ; postremo quod natura per se campus satis sit patens in quo exsultare possit poetica absque fabularum ope. In novos fabularum accusatores juvenile scripsi carmen ; sed meus frater consultior hoc christiano nec minus latino carmine me desipuisse hactenus monet, ut, abjurato Apolline cum Musis, ad sanctiora scribendi argumenta invitet. Non enim patent Apollini sacrata Christo pectora : sanctus Paulinus ad Ausonium. »