Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/247

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nous avons plus d’une fois cité (voyez tome IX, p. 605, note 2, et ci-dessus, p. 186), un exemplaire de l’édition originale in-4o, sans lieu ni date, de la traduction de notre poëte ; c’est une pièce de quatre pages intitulée : Défense des fables dans la poésie, imitation du latin de Mr de Santeuil, signée : P. Corneille, et contenant de curieuses variantes, que nous signalons en note. Elle a été acquise par M. Cousin. La bibliothèque de l’Arsenal possède, sous le no 3578B, A, un autre exemplaire de cette rare et curieuse édition. Nous suivons pour les vers de Corneille le texte publié à la suite des vers latins de Santeul (1729), texte qui, du reste, ne diffère point de celui de Granet (1738).


Qu’on fait d’injure à l’art de lui voler la fable !
C’est interdire aux vers ce qu’ils ont d’agréable[1],
Anéantir leur pompe, éteindre leur vigueur,
Et hasarder la Muse à sécher de langueur.
Ô vous qui prétendez qu’à force d’injustices 5
Le vieil usage cède à de nouveaux caprices,
Donnez-nous par pitié du moins quelques beautés

    Ad illustrissimum virum D. P. Bellevræum[2],
    pro defensione fabularum.

    Ergo sacra novæ mutabunt carmina leges,
    Et suus antiquis præripietur honos ?
    Tot vatum monumenta, tot et decora alta peribunt ?
    Musarum tot opes auferet una dies ?
    Ah ! tantum prohibe facinus, pater optime vatum ;
    Non alla fueris tu mihi lege deus.
    Vos tantum prohibete nefas, prohihete, Camœnæ ;
    Non alia dicam vos ratione deas.

  1. Var. (édit. in-4o) :
    C’est interdire aux vers ce qu’ils ont d’admirable.
  2. Pierre de Bellièvre, marquis de Grignon, abbé de Saint-Vincent de Metz, conseiller d’honneur au parlement de Paris, et frère du premier président (voyez ci-dessus, p. 131, notice), était né en 1611, et mourut le 26 janvier 1683. C’était le principal protecteur de Santeul, qui lui dédia, en 1670, le premier recueil de ses poésies.