Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/269

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Quelle plus foible image ose se présenter ?
Des orageux reflux d’une mer écumeuse,
Des trois canaux du Rhin, de l’Yssel, de la Meuse, 70
De ce climat jadis si fatal aux Romains,
Et qui défie encor tous les efforts humains,
De ces flots suspendus où l’art soutient des rives
Pour noyer les vainqueurs dans les plaines captives,
De cent bouches partout si prêtes à tonner, 75
Qui peut se former l’ombre et ne pas s’étonner ?
Si ce peuple au secours attire l’Allemagne,
S’il joint le Mein au Tage, et l’Empire à l’Espagne,
S’il fait au Dannemarc craindre pour ses deux mers,
Si contre nous enfin il ligue l’univers, 80
Que sera-ce ? Mon roi n’en conçoit point d’alarmes :
Plus l’orage grossit, plus il y voit de charmes ;

    Informetve animo levius, speretve futurum ?
    Quis vaga tergemini non horreat ostia Rheni,
    Æquoreosque Mosæ fremitus, Vahalimque sonantem,
    Nomina tot nuribus quondam exsecrata Latinis ?
    Adde Isalam vallis defensum, adde ænea mille
    Hostis in occursum tormenta tonantia ripis ;
    Tot validas urbes, tot propugnacula passim
    Obvia, tot riguis arva intercisa fluentis,
    Totque lacus tantosque. Adde et frænata per artem
    Æquora, luctantesque adversa in claustra procellas,
    Rumpendosque obices, refluique pericula ponti.
    Quid si præterea vicino emota tumultu
    Conjurata ruat Germania, si metus acres
    Idem agitet Danos, Batavum si fraudibus orbis
    Excitus in Gallos socialibus ingruat armis ?
    At neque sic Lodoici alacer deferveat ardor :
    Ignescit magis, idem animo nosse omnia promptus

    vers le milieu du seizième siècle, et ce ne fut qu’en 1648 que l’Espagne reconnut les Provinces-Unies pour États souverains.