Mais n’en réveillons point la mémoire importune :
Vous n’êtes pas les seuls, l’habitude est commune.
Et l’usage n’est plus d’attendre sans effroi
Des François animés par l’aspect de leur roi.
Il en rougit pour vous, et lui-même il a honte
D’accepter des sujets que le seul effroi dompte ;
Et vainqueur malgré lui sans avoir combattu,
Il se plaint du bonheur qui prévient sa vertu.
Peuples, l’abattement que vous faites connoître
Ne fait pas bien sa cour à votre nouveau maître :
Il veut des ennemis, et non pas des fuyards
Que saisit l’épouvante à nos premiers regards ;
Il aime qu’on lui fasse acheter la victoire :
La disputer si mal, c’est envier sa gloire ;
Et ce tas de captifs, cet amas de drapeaux
Ne font qu’embarrasser ses projets les plus beaux.
Console-t’en, mon Prince : il s’ouvre une autre voie
À te combler de gloire aussi bien que de joie ;
Si ce peuple à l’effroi se laisse trop dompter,
Ses fleuves ont des flots à moins s’épouvanter.
Hactenus esse viros licuit, fortesque videri :
Nunc alio res versa, neque est ignavia probro ;
Ducitur in morem populis, ubi gallicus ensis
Imminet, et Gallos urget præsentia Regis.
Ipse autem attonitus cœptis atque omine belli
Fortunam incusat, quod tam pernicibus alis
Antevolet virtutem, et votis prælia desint.
Nam neque captivi peditumque equitumque ducumque
Mille greges, neque rapta placent Mavortia signa,
Exuviæ indecores. Hostem, non ilia quærit
Servitia, infamem censeri digna sub hastam ;
Nec prædæ sitis, at laudum generosa cupido
Hos illum in fines, atque hæc in bella vocavit.
Ergo tibi alterius via laudis, et altera, Magne,
Alea pertentanda : fuga tibi cessit inermi