Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/287

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Tu les faisois dès lors à ce qu’on leur voit faire ; 325
Et l’espoir d’un grand nom ni celui du salaire
Ne font point cette ardeur qui règne en leurs esprits :
Tu les vois, c’est leur joie, et leur gloire, et leur prix.
Tandis que l’escadron, fier de cette déroute,
Mêle au sang hollandois les eaux dont il dégoutte, 330
De honte et de dépit les mânes disparus
De ces bords asservis qu’en vain ils ont courus,
Y laissent à mon roi, pour éternel trophée,
Leurs noms ensevelis et leur gloire étouffée.
Mais qu’entends-je ? et d’où part cette grêle de coups ? 335
Généreuse noblesse, où vous emportez-vous ?
La troupe qu’à passer vous voyez empressée
À courir les fuyards s’est toute dispersée ;
Et vous donnerez seuls dans ce retranchement
Où l’embûche est dressée à votre emportement : 340
À peine y serez-vous cinquante contre mille ;
Le vent s’est abattu, le Rhin s’est fait docile,
Mille autres vont passer, et vous suivre à l’envi ;

    Nunc usu probat, et vero discrimine gaudet.
    Ilicet haud telis et adacto saucius igne
    Terga dedit Batavus : cunctantem audacia victrix
    Expulit. Incurrunt juvenes, ausoque potiti
    Perrumpunt aditum, atque alto se gurgite tollunt
    Manantes rivis, nec segnius arma frementes.
    Quæ nunc prima loquar ? Famamne remota petentem
    Terrarum, et plena fluviorum effracta sonantem
    Claustra tuba ? refugosne sua in penetralia Manes,
    Nudatos titulis et priscæ laudis honore ?
    An magis immensam bellantum ex ordine gentem,
    Totaque sub signis ducibusque natantia castra,
    Jam docili Rheno, jam languescentibus undis ?
    An potius cæca insidias in valle parantem,
    Arboribus tutum dubiisque anfractibus hostem,
    Mille viros : huc immissis erumpere frenis