Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/288

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Mais je donne un avis que je vois mal suivi.
Guitry tombe par terre[1]. O ciel, quel coup de foudre ! 345
Je te vois, Longueville, étendu sur la poudre[2] ;
Avec toi tout l’éclat de tes premiers exploits
Laisse périr le nom et le sang des Dunois[3],
Et ces dignes aïeux qui te voyoient[4] les suivre
Perdent et la douceur et l’espoir de revivre. 350

    Nobilium impavidam, turma licet impare, pubem ;
    Scrutarique vepres gladio, palisque revulsis
    Cominus extremos Batavum stimulare furores ?
    Audio displosos inimicæ grandinis ictus,
    Pugnantumque minas, suspiriaque ægra cadentum.
    Tene etiam in mediis, Longavillæe, jacentem,
    Tecum atavos, tecum, ah ! nomen Dunense sepultum
    Aspicio ? Tene angustis in rebus iniquo
    Congressos numero proceres, juveniliaque ausa
    Sustentantem animis video, Condæe ? feraque
    Strage virum longæ redimentem tædia pacis ?
    Qua ruis, impulsos repetito vulnere cædis
    Obstantum cuneos ; qua non ruis, ignea vultus

  1. Voyez ci-dessus, p. 271, vers 271, et note 7. « Il a vécu une heure après sa blessure. » (Mercure galant, 1673, tome II, p. 307.)
  2. Voyez ci-dessus, p. 208, note 2. — « M. de Longueville avoit forcé la barrière, où il s’étoit présenté le premier ; il a été aussi le premier tué sur-le-champ. » (Lettres de Mme de Sévigné, tome III, p. 109.) — « Vous verrez dans toutes (les relations) que M. de Longueville est cause de sa mort et de celle des autres. » (Ibidem, p. 117.) — « Il n’y aurait eu personne de tué dans cette journée, sans l’imprudence du jeune duc de Longueville. On dit qu’ayant la tête pleine des fumées du vin, il tira un coup de pistolet sur les ennemis qui demandaient la vie à genoux, en leur criant : « Point de quartier pour « cette canaille ! » Il tua d’un coup un de leurs officiers. L’infanterie hollandaise désespérée reprit à l’instant ses armes, et fit une décharge dont le duc de Longueville fut tué. » (Voltaire, Siècle de Louis XIV, chapitre x.)
  3. Voyez ci-dessus, p. 208, fin de la note 2.
  4. Qui te voyent, mais à tort, dans l’édition de Lefèvre.