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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/304

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Oyez ce qu’au milieu du bruit de cent canons
Votre grand Roi prononce en faveur de vos dons,
Ce qu’en votre faveur la Muse me révèle :
« Peuples, dit ce héros, je connois votre zèle, 30
J’en aime les efforts, et dans tout l’avenir
J’en saurai conserver l’amoureux souvenir.
Vous n’avez que trop vu ce qu’ose l’Allemagne,
Ce que fait la Hollande, et qu’a tramé l’Espagne,
Ce que leur union attente contre moi. 35
Plus l’attentat est grand, plus grande est votre foi,
Et vous n’attendez point que je vous fasse dire
Comme il faut soutenir ma gloire et mon empire :
Vous courez au-devant, et prodiguez vos biens
Pour en mettre en mes mains les plus aisés moyens. 40
C’est votre seul devoir qui pour moi s’intéresse,
C’est votre pur amour qui pour moi vous en presse :
Je le vois avec joie. » À ces mots ce vainqueur,
Sur son peuple en vrai père épanchant son grand cœur,

    Per vos, dicam equidem, spoliis Orientis onusta,
    Barbaricisque superba opibus, jam Gallica puppis
    Post tot vota redux Francis allabitur oris.
    Huc omnes, huc ferte pedem : Rex ipse, tubarum
    Clangores inter medios bellique tumultus,
    Alloquitur ; vos o memores mihi dicite Musæ,
    Vos, audistis enim, regales dicite vati
    Affatus : « Vestri non muneris immemor, inquit,
    O cives, dum sævit atrox conjunctus Ibero
    Germanus, Batavique traces sua fœdera jactant ;
    Pro decore imperii, pro majestate tuenda,
    Omnes thesauros, omnes effundere gazas,
    Certatim vobis fuit omnibus una voluntas,
    Idem animus : sensus agnosco hoc munere vestros.
    Hoc vestrum officium velit, et mea gloria poscat.
    Muneris id quodcumque, et vestri pignus amoris
    Accipio lætus. » Regis quam provida cura !