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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/306

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Que la triple alliance[1] oppose à mon repos. 60
Ce fruit de vos travaux destiné pour la guerre,
Ces tributs que vous font et la mer et la terre,
Votre amour, votre ardeur à servir mes desseins,
Les rend assez à moi tant qu’ils sont en vos mains.
Mes troupes, par moi-même au péril animées, 65
Renverseront sans eux les murs et les armées :
J’en ai la certitude ; et de vous je ne veux
Aucun autre secours que celui de vos vœux.
Offrez-les sans relâche au grand dieu des batailles,
Tandis que mes canons foudroieront les murailles, 70
Et devant ses autels, prosternés à genoux,
Invoquez-le pour moi[2], je combattrai pour vous. »
Là se tait le monarque, et sûr de ses conquêtes,
Aux triomphes nouveaux il tient ses armes prêtes.
Cet éclat surprenant de magnanimité 75
Par la nymphe à cent voix[3] en tous lieux est porté.
Que de ravissements suivent cette nouvelle !

    Communes mihi fecit amor : jam ponite curas,
    Quæ populos, eadem reges opulentia ditat.
    Unum oro : dum me implicitum fera bella tenebunt,
    Multa implorantes suspensi hærebitis aris ;
    Ille deus bellorum, unus qui præsidet armis,
    Hostiles deus ille dabit perrumpere turmas. »
    Conticuit, rigidisque heros se involvit in armis,
    Securus fatorum, et jam prænuncia fama
    Ibat per populos, et splendida munera Regis
    Vulgabat ; lætis cives rumoribus acti
    Confusos urbis strepitus prona aure bibebant,
    Cum pulchro accensus patriæ Colbertus amore,

  1. L’empereur d’Allemagne et le roi d’Espagne s’étaient alliés contre la France avec la Hollande au mois d’août 1673.
  2. Voyez la notice en tête de cette pièce.
  3. La Renommée.