Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/307

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Colbert y met le comble en ministre fidèle :
Ce grand homme, sous lui maître de ses trésors,
Mande par ordre exprès ce grand et nombreux corps, 80
Le force d’admirer des bontés sans mesure,
Et remet en ses mains ces dons avec usure.
De là ces doux transports, ces prompts frémissements
Qui poussent jusqu’au ciel mille applaudissements,
Ces vœux si redoublés qui hâtent sa victoire, 85
Ces titres par avance élevés à sa gloire[1].
On voit Paris en foule accourir aux autels,
Implorer le grand Maître et tous les Immortels :
Ses temples sont ornés ; des lumières sans nombre
Y redoublent le jour, y font des nuits sans ombre. 90

    Colbertus, gazæ cui credita cura tuendæ,
    Conscius ingentis facti (sic jussa ferebant),
    Congestas tot opes populorum inopinaque dona,
    Ingens depositum, magno cum foenore reddit.
    Hinc subiti plausus, hinc publica gaudia vulgi,
    Undique lætitiæ fremitus, votisque triumphos
    Accelerant victoris, et amplam inscribere certant
    Nobilibus titulis et belli insignibus urbem.
    Templa adeunt, onerantque aras et fronde coronant.
    Aspiceres populos concursu accedere magno,
    Et manibus passis omnes exposcere divos,
    Omnes cœlicolas : appensi altaribus ignes
    Dant lucem late, et largo loca lumine complent.
    Ipse aderat mitra effulgens, et vestibus aureus,
    Longe omnes supra, media inter vota sacerdos :
    Hic ille est magnis quem Rex præfecerat aris

  1. Il s’agit sans doute dans ce vers des inscriptions improvisées dans les réjouissances dont a parlé Bachaumont. Du Périer dit ici :
    Et d’une sainte ardeur nos muses échauffées
    Sur plus d’un arc pompeux vont graver ses trophées.
    L’inscription de la porte Saint-Martin, qui fait face à la rue Saint-Martin, est relative aux victoires de 1674.