Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/322

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que vous n’entendez pas. Quoiqu’il n’y ait point de pensées, il y a je ne sais quoi d’aisé qui l’a fait estimer de tout le monde. » Après cet éloge on lit dans le Mercure le placet que nous avons reproduit sous le numéro précédent, et l’article se termine ainsi : « J’avois déjà vu ce placet, dit la Duchesse, et je voudrois que Monsieur le Chevalier le donnât à son ami pour le mettre dans son Mercure, car le grand Corneille sera toujours inimitable, et les moindres choses de lui sont à conserver. »

Nous connaissons de cette pièce sur Cinna, etc., deux copies manuscrites anciennes, qui se rapprochent fort du texte du Mercure. La première occupe les pages 146-149 d’un volume de la bibliothèque de l’Arsenal, numéroté HF 191 bis. Ce volume, composé de divers morceaux des poëtes du dix-septième siècle, se termine par cette note : « Acheué ce 12 feurier à 1. heure après minuit 1689. » L’amateur qui formait ce recueil écrivait à la fin de la pièce de Corneille la remarque suivante, naïf témoignage du peu de respect qu’on avait alors pour le texte de nos écrivains illustres : « Ces deux derniers vers ne me plaisent pas, et la chute en est tout à fait désagréable et ne sera point entendue dans cinquante ans d’ici sans commentaire. Si je fais imprimer quelque jour cette excellente épître, je tâcherai de la terminer un peu plus noblement, ou, au pis aller, je la laisserai telle qu’elle est. » — La seconde de ces anciennes copies est sur les folios 31 et 32 du volume 1000 de la collection Gaignières, conservée à la Bibliothèque impériale. Ce volume a pour titre : Pièces diverses, Règne de Louis XIV. — Lorsque l’abbé Bordelon publia cette épître au Roi dans ses Diversitez curieuses en plusieurs lettres (à Amsterdam, chez André de Hoogenhuysen, M.DC.XCIX, in-12, lettre xxxvi, tome II, p. 1 et suivantes), elle était un peu oubliée, si nous en jugeons du moins par les premiers mots de la lettre où il l’a insérée : « Monsieur, quand vous me demandez les vers que fit M. de Corneille pour remercier le Roi des bontés qu’il avoit de demander qu’on rejouât encore en présence de Sa Majesté ses tragédies, et dans quel temps ces vers furent faits, pensez-vous qu’il soit facile de vous contenter là-dessus ? Que cela soit dit en passant, sans prétendre faire beaucoup valoir mes soins pour vous obéir… J’ai enfin trouvé ces vers, les voici ; ils furent faits en 1677. » — Dans ces différents textes, comme dans le Mercure, les vers de Corneille sont simplement intitulés : Au Roi. En 1738, Granet les publia aux pages 100-102 des Œuvres diverses, sous le titre que