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II

Lettre apologétique du sieur Corneille,
Contenant sa réponse aux Observations faites par le sieur Scudéry sur le Cid[1].


Monsieur,

Il ne vous suffit pas que votre libelle me déchire en public : vos lettres me viennent quereller jusque dans mon cabinet, et vous m’envoyez d’injustes accusations, lorsque vous me devez pour le moins des excuses. Je n’ai point fait la pièce qui vous pique[2] ; je l’ai reçue de Paris avec une lettre qui m’a appris le nom de son auteur ; il l’adresse à un de nos amis, qui vous en pourra donner plus de lumière. Pour moi, bien que je n’aye guère de jugement, si l’on s’en rapporte à vous, je n’en ai pas si peu que d’offenser une personne de si haute condition[3], dont je n’ai pas l’honneur d’être connu, et de craindre moins ses ressentiments que les vôtres. Tout ce que je vous puis dire, c’est que je ne doute ni de votre noblesse, ni de votre vaillance, et qu’aux choses de cette nature, où je

  1. Voyez sur les Observations de Scudéry, sur la Lettre apologétique, et sur les réponses auxquelles ces deux ouvrages ont donné lieu, tome III, p. 22-29, et ci-dessus, p. 74-80. — Dans l’une des éditions de 1637, il y a, nous l’avons dit, dans le titre : apologitique, pour apologétique.
  2. On prétend qu’il s’agit ici d’une pièce intitulé : la Défense du Cid ; nous n’avons pu nous la procurer. Voyez tome III, p. 24 et 25.
  3. Cette personne est inconnue. Voyez tome III, p. 25.