Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 11.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXX
LEXIQUE DE CORNEILLE.

d’un tel scepticisme littéraire et d’un si grand découragement, qu’on se borne volontiers aux humbles recherches grammaticales, et que, même sur ce terrain, on s’écarte le moins qu’on peut de l’observation des faits.

En commençant notre Lexique, nous voulions entreprendre de tout expliquer, résoudre toutes les objections, relever toutes les méprises des commentateurs ; mais nous nous sommes peu à peu convaincu que cela n’était point nécessaire, et que notre tâche était plus facile ; que d’ordinaire la réunion des divers exemples, groupés sous un même mot et confirmés au besoin par des passages empruntés aux prédécesseurs et aux contemporains de Corneille, répondait assez aux attaques injustes, et qu’elle pouvait souvent tenir lieu de toute autre explication. Nous conservions encore cependant quelques scrupules au sujet de cette méthode : l’Avertissement du Dictionnaire historique de la langue française, entrepris par l’Académie, les a fait disparaître.

Grâce à ce procédé, le plus simple, et, en pareille matière, le plus scientifique, bien des tours et des emplois de mots reprochés à nos


     
    Fauste : dans le Discours sur la tragédie (tome I, p. 71).
     
    Jugurthe :
    … Un Pyrrhus, un Jugurthe, un Persée. (x, 259. Poés. div. 105.)
     
    Murène :
    Murène a succédé, Cépion l’a suivi, (ni, 438. Cin. 1203.)
     
    Terminaison anus rendue par an, et non, comme aujourd’hui, par en.
     
    Diocletian :
    Quand Dioclétian fut maître de l’empire. (v, 18. Théod. 35.)
     
    Octavian :
    Dépêche Octavian… (v, 230. Hér. 1703.)
     
    Turpilian :
    Varron, Turpilian, Capiton et Macer. (vi, 577. Oth. 52.)
     
    Valentinian :
    Je reverrai mon frère en Valentinian. (vii, 150. Att. 1028.)
     
    Virginian (m, 45 1. Cin. 1489).
     
    Notons, en terminant, deux substantifs communs empruntés à des noms propres et destinés à désigner un parti littéraire, à savoir les mots Uranin et Jobelin :
     
    Nos Uranins ligués contre nos Jobelins
    Portent bien au combat une autre véhémence. (x, 126. Poés. div. 5 et 6.)
     
    Mais il importe de remarquer que Corneille n’a pas inventé ces dénominations, et qu’il n’a fait en les employant que suivre l’usage général.