Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 11.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXI
PRÉFACE.

auteurs classiques, et considérés à tort comme des exceptions et des licences, témoignent, par leur nombre même, d’un usage fréquemment répété, dont il est facile de déduire des règles différentes des nôtres, mais souvent plus logiques, et appliquées d’une façon aussi sûre que constante.

Après des études de ce genre faites sur nos principaux écrivains, on possédera les matériaux nécessaires pour entreprendre une véritable grammaire française historique, remontant aux origines mêmes de la langue, indiquant les habitudes diverses de ceux qui l’ont successivement écrite et y ont fait autorité, signalant l’époque où ces habitudes deviennent des règles, le court instant où les grammairiens et les auteurs paraissent d’accord, et les circonstances qui rompent cette passagère harmonie : œuvre immense par les travaux qu’elle demanderait, mais aussi par ses conséquences ; où les principes généraux, présentés au début, répandraient sur tout le livre une heureuse clarté, où les opinions les plus diverses, les plus contradictoires, les archaïsmes du peuple et les scrupules des délicats, trouveraient leur éclaircissement et leur conciliation, à l’aide d’études chronologiques, donnant, sur certains points, tort à tous en général, et raison à chacun à un certain moment et à une date déterminée ; œuvre dans laquelle aussi, comme conclusion et comme résultat définitif, on chercherait à établir les règles du langage moderne, strictes et rigoureuses pour tout ce qui n’admet ni la passion ni la fantaisie, plus flexibles et plus larges pour la conversation et la correspondance, et surtout pour l’orateur et le poëte, qu’elles doivent guider sans jamais l’assujettir servilement.

P. S. La préface qui précède est celle qui se trouvait en tête du Lexique que nous avons présenté à l’Académie ; elle a été imprimée textuellement d’après notre manuscrit dans le tome II de la 5e série de la Bibliothèque de l École des chartes. Nous l’avons revue et retouchée avec soin avant de la reproduire ici, et nous en avons supprimé les parties qui, d’après le plan général de notre édition, avaient dû forcément trouver leur place ailleurs.

En établissant le texte de Corneille, nous avons eu souvent l’occasion de rectifier ou de compléter notre Lexique : certains mots qui ne provenaient que de mauvaises lectures ont disparu, et réciproquement d’autres, que la constitution du texte d’après les sources nous faisait connaître pour la première fois, ont dû y être recueillis[1]. Nous avons puisé dans le Lexique de l’un de nos concurrents, M. Godefroy, plus d’un exemple négligé dans notre premier travail, et que

  1. Voyez par exemple Amatrique, s’Appliquer sur, Blanque, etc.