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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/138

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est une suffisante quand l’acteur qui entre sur le théâtre voit celui qui en sort, ou que celui qui sort voit celui qui entre, soit qu’il le cherche, soit qu’il le fuie, soit qu’il le voie simplement sans avoir intérêt à le chercher ni à le fuir. Aussi j’appelle en général une liaison de vue ce qu’ils nomment une liaison de recherche. J’avoue que cette liaison est beaucoup plus imparfaite que celle de présence et de discours, qui se fait lorsqu’un acteur ne sort point du théâtre sans y laisser un autre à qui il ait parlé ; et dans mes derniers ouvrages je me suis arrêté à celle-ci sans me servir de l’autre ; mais enfin je crois qu’on s’en peut contenter, et je la préférerais de beaucoup à celle qu’on appelle liaison de bruit, qui ne me semble pas supportable, s’il n’y a de très justes et de très importantes occasions qui obligent un acteur à sortir du théâtre quand il en entend : car d’y venir simplement par curiosité, pour savoir ce que veut dire ce bruit, c’est une si faible liaison, que je ne conseillerais jamais personne de s’en servir. La durée de l’action ne passerait point en cette comédie celle de la représentation, si l’heure du dîner n’y séparait point les deux premiers actes. Le reste n’emporte que ce temps-là ; et je n’aurais pu lui en donner davantage, que mes acteurs n’eussent le loisir de s’éclaircir ; ce qui les brouille n’étant qu’un malentendu qui ne peut subsister qu’autant que Géraste, Florame et Daphnis ne se trouvent point tous trois ensemble. Je n’ose dire que je m’y suis asservi à faire les actes si égaux,