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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/143

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ACTE I, SCÈNE I.

45Mon feu, qui ne seroit que pure courtoisie[1],
La rempliroit d’amour, et toi de jalousie. »
Je réplique, il repart, et nous tombons d’accord
Qu’au hasard du succès il y feroit effort.
Ainsi je l’introduis ; et par ce tour d’adresse,
50Qui me fait pour un temps lui céder ma maîtresse,
Engageant Amarante et Florame au discours,
J’entretiens à loisir mes nouvelles amours.

DAMON.

Fut-elle, sur ce point, ou fâcheuse, ou facile[2] ?

THÉANTE.

Plus que je n’espérois je l’y trouvai docile[3] ;
55Soit que je lui donnasse une fort douce loi,
Et qu’il fût à ses yeux plus aimable que moi ;
Soit qu’elle fît dessein sur ce fameux rebelle[4]
Qu’une simple gageure attachoit auprès d’elle[5],
Elle perdit pour moi son importunité,
60Et n’en demanda plus tant d’assiduité[6].
La douceur d’être seule à gouverner Florame[7]
Ne souffrit plus chez elle aucun soin de ma flamme,

  1. Var. Mon feu, qui ne seroit que simple courtoisie,
    [La rempliroit d’amour, et toi de jalousie. »
    Moi de jurer que non, et lui de persister,
    Tant que pour cette épreuve il me fit protester
    Que je lui céderois quelque temps ma mairesse.
    Ainsi donc je l’y mène, et par cette souplesse,
    [Engageant Amarante et Florame au discours.] (1637-57)
  2. Var. Amarante à ce point fut-elle fort docile ? (1637-57)
  3. Var. Plus que je n’espérois je la trouvai facile. (1637)
    Var. Plus que je n’esperois je l’y trouvai facile. (1644-57)
  4. Var. Soit qu’elle fit dessein d’asservir la franchise
    D’un qui la cajoloit ainsi par entreprise. (1637)
    Var. Soit qu’elle fit dessein sur cet esprit rebelle
    Qui par galanterie osoit feindre auprès d’elle. (1644-57)
  5. Var. Qui par simple gageure osoit se jouer d’elle. (1660-64)
  6. Var. Et ne demanda plus tant d’assiduité. (1637)
  7. Var. L’aise de se voir seule a gouverner Florame. (1637-68)