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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/144

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Et ce qu’elle goûtait avec lui de plaisirs
Lui fit abandonner mon âme à mes désirs.

Damon.

On t’abuse, Théante ; il faut que je te die
Que Florame est atteint de même maladie,
Qu’il roule en son esprit mêmes desseins que toi,
Et que c’est à Daphnis qu’il veut donner sa foi.
À servir Amarante il met beaucoup d’étude ;
Mais ce n’est qu’un prétexte à faire une habitude :
Il accoutume ainsi ta Daphnis à le voir,
Et ménage un accès qu’il ne pouvait avoir.
Sa richesse l’attire, et sa beauté le blesse ;
Elle le passe en biens, il l’égale en noblesse,
Et cherche, ambitieux, par sa possession,
À relever l’éclat de son extraction.
Il a peu de fortune, et beaucoup de courage ;
Et hors cette espérance, il hait le mariage.
C’est ce que l’autre jour en secret il m’apprit ;
Tu peux, sur cet avis, lire dans son esprit.

Théante.

Parmi ses hauts projets il manque de prudence,
Puisqu’il traite avec toi de telle confidence.

Damon.

Crois qu’il m’éprouvera fidèle au dernier point,
Lorsque ton intérêt ne s’y mêlera point.

Théante.

Je dois l’attendre ici. Quitte-moi, je te prie,
De peur qu’il n’ait soupçon de ta supercherie.

Damon.

Adieu. Je suis à toi.