Et ce qu’elle goûtoit avec lui de plaisirs
Lui fit abandonner mon âme à mes désirs.
Que Florame est atteint de même maladie,
Qu’il roule en son esprit mêmes desseins que toi[1],
Et que c’est à Daphnis qu’il veut donner sa foi.
À servir Amarante il met beaucoup d’étude ;
Mais ce n’est qu’un prétexte à faire une habitude :
Il accoutume ainsi ta Daphnis à le voir,
Et ménage un accès qu’il ne pouvoit avoir.
Sa richesse l’attire, et sa beauté le blesse ;
Elle le passe en biens, il l’égale en noblesse,
Et cherche, ambitieux, par sa possession,
À relever l’éclat de son extraction.
Il a peu de fortune, et beaucoup de courage ;
Et hors cette espérance, il hait le mariage.
C’est ce que l’autre jour en secret il m’apprit ;
Tu peux, sur cet avis, lire dans son esprit.
Parmi ses hauts projets il manque de prudence[2],
Puisqu’il traite avec toi de telle confidence.
Crois qu’il m’éprouvera fidèle au dernier point,
Lorsque ton intérêt ne s’y mêlera point.
De peur qu’il n’ait soupçon de ta supercherie[3].
Adieu. Je suis à toi.