Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/146

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Florame avec raison adore tant d’appas,
Et Daphnis sans raison s’abaisserait trop bas.
Ce feu, si juste en l’un, en l’autre inexcusable,
Rendrait l’un glorieux, et l’autre méprisable.
Simple ! l’amour peut-il écouter la raison ?
Et même ces raisons sont-elles de saison ?
Si Daphnis doit rougir en brûlant pour Florame,
Qui l’en affranchirait en secondant ma flamme ?
Etant tous deux égaux, il faut bien que nos feux
Lui fassent même honte, ou même honneur tous deux :
Ou tous deux nous formons un dessein téméraire,
Ou nous avons tous deux même droit de lui plaire.
Si l’espoir m’est permis, il y peut aspirer ;
Et s’il prétend trop haut, je dois désespérer.
Mais le voici venir.


Scène III

Théante, Florame.


Théante.

Mais le voici venir. Tu me fais bien attendre.

Florame.

Encore est-ce à regret qu’ici je viens me rendre,
Et comme un criminel qu’on traîne à sa prison.

Théante.

Tu ne fais qu’en raillant cette comparaison.

Florame.

Elle n’est que trop vraie.

Théante.

Elle n’est que trop vraie. Et ton indifférence ?