Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/148

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Quand tu ne pourras plus te priver de la voir,
C’est alors que je veux t’en ôter le pouvoir ;
Et j’attends de pied ferme à reprendre ma place,
Qu’il ne soit plus en toi de retrouver ta glace.
Tu te défends encore, et n’en tiens qu’à demi.

Florame.

Cruel, est-ce là donc me traiter en ami ?
Garde, pour châtiment de cet injuste outrage,
Qu’Amarante pour toi ne change de courage,
Et se rendant sensible à l’ardeur de mes vœux…

Théante.

À cela près, poursuis ; gagne-la si tu peux.
Je ne m’en prendrai lors qu’à ma seule imprudence,
Et demeurant ensemble en bonne intelligence,
En dépit du malheur que j’aurai mérité,
J’aimerai le rival qui m’aura supplanté.

Florame.

Ami, qu’il vaut bien mieux ne tomber point en peine
De faire à tes dépens cette épreuve incertaine !
Je me confesse pris, je quitte, j’ai perdu :
Que veux-tu plus de moi ? Reprends ce qui t’est dû.
Séparer plus longtemps une amour si parfaite !
Continuer encor la faute que j’ai faite !
Elle n’est que trop grande, et pour la réparer,
J’empêcherai Daphnis de vous plus séparer.