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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/161

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Et que je souffre encor cet injuste partage
Où tu tiens mes discours, et Daphnis mon courage ?
Si j’ai feint pour toi quelques feux,
C’est à quoi plus rien ne m’oblige :
Quand on a l’effet de ses vœux,
Ce qu’on adorait se néglige.
Je ne voulais de toi qu’un accès chez Daphnis :
Amarante, je l’ai ; mes amours sont finis.
Théante, reprends ta maîtresse ;
N’ôte plus à mes entretiens
L’unique sujet qui me blesse,
Et qui peut-être est las des tiens.
Et toi, puissant Amour, fais enfin que j’obtienne
Un peu de liberté pour lui donner la mienne !


Scène III

Amarante, Florame.


Amarante.

Que vous voilà soudain de retour en ces lieux !

Florame.

Vous jugerez par là du pouvoir de vos yeux.

Amarante.

Autre objet que mes yeux devers nous vous attire.

Florame.

Autre objet que vos yeux ne cause mon martyre.

Amarante.

Votre martyre donc est de perdre avec moi
Un temps dont vous voulez faire un meilleur emploi.