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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/163

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Florame.

Le nom ne s’en dit point ? Je ris de ces amants
Dont le trop de respect redouble les tourments,
Et qui, pour les cacher se faisant violence,
Se promettent beaucoup d’un timide silence.
Pour moi, j’ai toujours cru qu’un amour vertueux
N’avait point à rougir d’être présomptueux.
Je veux bien vous nommer le bel œil qui me dompte,
Et ma témérité ne me fait point de honte.
Ce rare et haut sujet…
Amarante, revenant brusquement.
Tout est presque tendu.

Daphnis.

Vous n’avez auprès d’eux guère de temps perdu.

Amarante.

J’ai vu qu’ils l’employaient, et je suis revenue.

Daphnis.

J’ai peur de m’enrhumer au froid qui continue.
Allez au cabinet me quérir un mouchoir :
J’en ai laissé les clefs autour de mon miroir,
Vous les trouverez là.
(Amarante rentre, et Daphnis continue.)
J’ai cru que cette belle
Ne pouvait à propos se nommer devant elle,
Qui recevant par là quelque espèce d’affront,
En aurait eu soudain la rougeur sur le front.