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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/164

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Florame.

Sans affront je la quitte, et lui préfère une autre
Dont le mérite égal, le rang pareil au vôtre,
L’esprit et les attraits également puissants,
Ne devraient de ma part avoir que de l’encens :
Oui, sa perfection, comme la vôtre extrême,
N’a que vous de pareille ; en un mot, c’est…

Daphnis.

N’a que vous de pareille ; en un mot, c’est… Moi-même.
Je vois bien que c’est là que vous voulez venir,
Non tant pour m’obliger, comme pour me punir.
Ma curiosité, devenue indiscrète,
A voulu trop savoir d’une flamme secrète :
Mais bien qu’elle en reçoive un juste châtiment,
Vous pouviez me traiter un peu plus doucement.
Sans me faire rougir, il vous devait suffire
De me taire l’objet dont vous aimez l’empire :
Mettre en sa place un nom qui ne vous touche pas,
C’est un cruel reproche au peu que j’ai d’appas.

Florame.

Vu le peu que je suis, vous dédaignez de croire
Une si malheureuse et si basse victoire.
Mon cœur est un captif si peu digne de vous,
Que vos yeux en voudraient désavouer leurs coups ;
Ou peut-être mon sort me rend si méprisable,