Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/169

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Mais si son entretien n’a point de quoi vous plaire,
Vous m’obligerez fort de ne m’en plus distraire.

Daphnis.

Mais au cas qu’il me plût ?

Amarante.

Mais au cas qu’il me plût ? Il faudrait vous céder.
C’est ainsi qu’avec vous je ne puis rien garder.
Au moindre feu pour moi qu’un amant fait paraître,
Par curiosité vous le voulez connaître,
Et quand il a goûté d’un si doux entretien,
Je puis dire dès lors que je ne tiens plus rien.
C’est ainsi que Théante a négligé ma flamme.
Encor tout de nouveau vous m’enlevez Florame.
Si vous continuez à rompre ainsi mes coups,
Je ne sais tantôt plus comment vivre avec vous.

Daphnis.

Sans colère, Amarante ; il semble, à vous entendre,
Qu’en même lieu que vous je voulusse prétendre ?
Allez, assurez-vous que mes contentements
Ne vous déroberont aucun de vos amants ;
Et pour vous en donner la preuve plus expresse,
Voilà votre Théante, avec qui je vous laisse.


Scène VIII

Théante, Amarante.


Théante.

Tu me vois sans Florame : un amoureux ennui
Assez étroitement m’a dérobé de lui.
Las de céder ma place à son discours frivole,