Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/172

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Théante.

Je te souhaite un change autant avantageux.
Plût à Dieu que le sort te fût moins outrageux,
Ou que jusqu’à ce point il t’eût favorisée,
Que Florame fût prince, et qu’il t’eût épousée !
Je prise, auprès des tiens, si peu mes intérêts,
Que bien que j’en sentisse au cœur mille regrets,
Et que de déplaisir il m’en coûtât la vie,
Je me la tiendrais lors heureusement ravie.

Amarante.

Je ne voudrais point d’heur qui vînt avec ta mort,
Et Damon que voilà n’en serait pas d’accord.

Théante.

Il a mine d’avoir quelque chose à me dire.

Amarante.

Ma présence y nuirait : adieu, je me retire.

Théante.

Arrête ; nous pourrons nous voir tout à loisir :
Rien ne le presse.


Scène IX

Théante, Damon.


Théante.

Rien ne le presse. Ami, que tu m’as fait plaisir !
J’étais fort à la gêne avec cette suivante.

Damon.

Celle qui te charmait te devient bien pesante.

Théante.

Je l’aime encor pourtant ; mais mon ambition
Ne laisse point agir mon inclination.