Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/180

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Scène III


Clarimond.

Tout dédaigné, je l’aime, et malgré sa rigueur,
Ses charmes plus puissants lui conservent mon cœur.
Par un contraire effet dont mes maux s’entretiennent,
Sa bouche le refuse, et ses yeux le retiennent.
Je ne puis, tant elle a de mépris et d’appas,
Ni le faire accepter, ni ne le donner pas ;
Et comme si l’amour faisait naître sa haine,
Ou qu’elle mesurât ses plaisirs à ma peine,
On voit paraître ensemble, et croître également,
Ma flamme et ses froideurs, sa joie et mon tourment.
Je tâche à m’affranchir de ce malheur extrême,
Et je ne saurais plus disposer de moi-même.
Mon désespoir trop lâche obéit à mon sort,
Et mes ressentiments n’ont qu’un débile effort.
Mais pour faibles qu’ils soient, aidons leur impuissance ;
Donnons-leur le secours d’une éternelle absence.
Adieu, cruelle ingrate, adieu : je fuis ces lieux
Pour dérober mon âme au pouvoir de tes yeux.


Scène IV

Amarante, Clarimond.


Amarante.

Monsieur, monsieur, un mot. L’air de votre visage
Témoigne un déplaisir caché dans le courage.
Vous quittez ma maîtresse un peu mal satisfait.