Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/181

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Clarimond.

Ce que voit Amarante en est le moindre effet.
Je porte, malheureux, après de tels outrages,
Des douleurs sur le front, et dans le cœur des rages.

Amarante.

Pour un peu de froideur, c’est trop désespérer.

Clarimond.

Que ne dis-tu plutôt que c’est trop endurer ?
Je devrais être las d’un si cruel martyre,
Briser les fers honteux où me tient son empire,
Sans irriter mes maux avec un vain regret.

Amarante.

Si je vous croyais homme à garder un secret,
Vous pourriez sur ce point apprendre quelque chose
Que je meurs de vous dire, et toutefois je n’ose.
L’erreur où je vous vois me fait compassion ;
Mais pourriez-vous avoir de la discrétion ?

Clarimond.

Prends-en ma foi de gage, avec… Laisse-moi faire.
(Il veut tirer un diamant de son doigt pour le lui donner, et elle l’en empêche.)

Amarante.

Vous voulez justement m’obliger à me taire ;
Aux filles de ma sorte il suffit de la foi :
Réservez vos présents pour quelque autre que moi.

Clarimond.

Souffre…

Amarante.

Souffre… Gardez-les, dis-je, ou je vous abandonne.