Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/182

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Daphnis a des rigueurs dont l’excès vous étonne ;
Mais vous aurez bien plus de quoi vous étonner
Quand vous saurez comment il faut la gouverner.
À force de douceurs vous la rendez cruelle,
Et vos submissions vous perdent auprès d’elle :
Epargnez désormais tous ces pas superflus ;
Parlez-en au bonhomme, et ne la voyez plus.
Toutes ces cruautés ne sont qu’en apparence.
Du côté du vieillard tournez votre espérance ;
Quand il aura pour elle accepté quelque amant,
Un prompt amour naîtra de son commandement.
Elle vous fait tandis cette galanterie,
Pour s’acquérir le bruit de fille bien nourrie,
Et gagner d’autant plus de réputation
Qu’on la croira forcer son inclination.
Nommez cette maxime ou prudence ou sottise,
C’est la seule raison qui fait qu’on vous méprise.

Clarimond.

Hélas ! et le moyen de croire tes discours ?

Amarante.

De grâce, n’usez point si mal de mon secours :
Croyez les bons avis d’une bouche fidèle,
Et songeant seulement que je viens d’avec elle,
Derechef épargnez tous ces pas superflus ;
Parlez-en au bonhomme, et ne la voyez plus.