Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/186

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Elle s’en défendra de toute sa puissance ;
N’en cherchez point d’aveu que dans l’obéissance.
Quand vous aurez fait choix de cet heureux amant,
Vos ordres produiront un prompt consentement.
Mais on ouvre la porte. Hélas ! je suis perdue,
Si j’ai tant de malheur qu’elle m’ait entendue.
(Elle rentre dans le jardin.)

Géraste.

Lui procurant du bien, elle croit la fâcher,
Et cette vaine peur la fait ainsi cacher.
Que ces jeunes cerveaux ont de traits de folie !
Mais il faut aller voir ce qu’aura fait Célie.
Toutefois disons-lui quelque mot en passant,
Qui la puisse guérir du mal qu’elle ressent.


Scène VII

Géraste, Daphnis.


Géraste.

Ma fille, c’est en vain que tu fais la discrète,
J’ai découvert enfin ta passion secrète,
Je ne t’en parle point sur des avis douteux.
N’en rougis point, Daphnis, ton choix n’est pas honteux ;
Moi-même je l’agrée, et veux bien que ton âme
À cet amant si cher ne cache plus sa flamme.
Tu pouvais en effet prétendre un peu plus haut ;
Mais on ne peut assez estimer ce qu’il vaut ;
Ses belles qualités, son crédit et sa race
Auprès des gens d’honneur sont trop dignes de grâce.