Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/191

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Bien que vous éloigner ce me soit un martyre,
Puisque vous le voulez, je n’y puis contredire.
Mais quand dois-je espérer de vous revoir ici ?

Florame.

Dans une heure au plus tard.

Daphnis.

Dans une heure au plus tard. Allez donc : la voici.


Scène X

Daphnis, Amarante.


Daphnis.

Amarante, vraiment vous êtes fort jolie ;
Vous n’égayez pas mal votre mélancolie ;
Votre jaloux chagrin a de beaux agréments,
Et choisit assez bien ses divertissements :
Votre esprit pour vous-même a force complaisance
De me faire l’objet de votre médisance ;
Et, pour donner couleur à vos détractions,
Vous lisez fort avant dans mes intentions.

Amarante.

Moi ! que de vous j’osasse aucunement médire !

Daphnis.

Voyez-vous, Amarante, il n’est plus temps de rire.
Vous avez vu mon père, avec qui vos discours
M’ont fait à votre gré de frivoles amours.
Quoi ! souffrir un moment l’entretien de Florame,
Vous le nommez bientôt une secrète flamme ?
Cette jalouse humeur dont vous suivez la loi
Vous fait en mes secrets plus savante que moi.
Mais passe pour le croire, il fallait que mon père