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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/194

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ACTE IV


Scène première


Daphnis.

Qu’en l’attente de ce qu’on aime
Une heure est fâcheuse à passer !
Qu’elle ennuie un amour extrême
Dont la joie est réduite aux douceurs d’y penser !
Le mien, qui fuit la défiance,
La trouve trop longue à venir,
Et s’accuse d’impatience,
Plutôt que mon amant de peu de souvenir.
Ainsi moi-même je m’abuse,
De crainte d’un plus grand ennui,
Et je ne cherche plus de ruse
Qu’à m’ôter tout sujet de me plaindre de lui.
Aussi bien, malgré ma colère,
Je brûlerais de m’apaiser,
Et sa peine la plus sévère
Ne serait tout au plus qu’un mot pour l’excuser.