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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/200

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Damon.

Je savais trop que l’offre en serait rejetée.
Depuis plus de dix ans je connais sa portée ;
Il ne devient mutin que fort malaisément,
Et préfère la ruse à l’éclaircissement.

Florame.

Les maximes qu’il tient pour conserver sa vie
T’ont donné des plaisirs où je te porte envie.

Damon.

Tu peux incontinent les goûter si tu veux.
Lui, qui doute fort peu du succès de ses vœux,
Et qui croit que déjà Clarimond et Florame
Disputent loin d’ici le sujet de leur flamme,
Serait-il homme à perdre un temps si précieux,
Sans aller chez Daphnis faire le gracieux,
Et seul, à la faveur de quelque mot pour rire,
Prendre l’occasion de conter son martyre ?

Florame.

Mais s’il nous trouve ensemble, il pourra soupçonner
Que nous prenons plaisir tous deux à le berner.

Damon.

De peur que nous voyant il conçût quelque ombrage,
J’avais mis tout exprès Cléon sur le passage.
Théante approche-t-il ?

Cléon.

Théante approche-t-il ? Il est en ce carfour.

Damon.

Adieu donc, nous pourrons le jouer tour à tour.