Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/201

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Florame, seul.

Je m’étonne comment tant de belles parties
En cet illustre amant sont si mal assorties,
Qu’il a si mauvais cœur avec de si bons yeux,
Et fait un si beau choix sans le défendre mieux.
Pour tant d’ambition, c’est bien peu de courage.


Scène VI

Florame, Théante.


Florame.

Quelle surprise, ami, paraît sur ton visage ?

Théante.

T’ayant cherché longtemps, je demeure confus
De t’avoir rencontré quand je n’y pensais plus.

Florame.

Parle plus franchement : fâché de ta promesse,
Tu veux et n’oserais reprendre ta maîtresse !
Ta passion, qui souffre une trop dure loi,
Pour la gouverner seul te dérobait de moi ?

Théante.

De peur que ton esprit formât cette croyance,
De l’aborder sans toi je faisais conscience.

Florame.

C’est ce qui t’obligeait sans doute à me chercher ?
Mais ne te prive plus d’un entretien si cher.
Je te cède Amarante, et te rends ta parole :
J’aime ailleurs ; et lassé d’un compliment frivole,