Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/213

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Damon.

J’en vais semer le bruit. Et sur ce bruit tu veux…

Théante.

Qu’on leur donne dans peu des gardes à tous deux,
Et qu’une main puissante arrête leur querelle.
Qu’en dis-tu, cher ami ?

Damon.

Qu’en dis-tu, cher ami ? L’invention est belle,
Et le chemin bien court à les mettre d’accord ;
Mais souffre auparavant que j’y fasse un effort.
Peut-être mon esprit trouvera quelque ruse
Par où, sans en rougir, du cartel je m’excuse.
Ne donnons point sujet de tant parler de nous,
Et sachons seulement à quoi tu te résous.

Théante.

À les laisser en paix, et courir l’Italie
Pour divertir le cours de ma mélancolie,
Et ne voir point Florame emporter à mes yeux
Le prix où prétendait mon cœur ambitieux.

Damon.

Amarante, à ce compte, est hors de ta pensée ?

Théante.

Son image du tout n’en est pas effacée.
Mais…

Damon.

Mais… Tu crains que pour elle on te fasse un duel.

Théante.

Railler un malheureux, c’est être trop cruel.
Bien que ses yeux encor règnent sur mon courage,
Le bonheur de Florame à la quitter m’engage ;