Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/235

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relevé leur gloire et soutenu leur pouvoir, pour effacer les mauvaises idées que celui-ci leur pourra faire concevoir de mon esprit. Trouvez bon que j’achève par là et que je n’ajoute à cette prière que je leur fais que la protestation d’être éternellement,

MONSIEUR,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur[1],
Corneille.




EXAMEN.


Je ne puis dire tant de bien de celle-ci[2] que de la précédente. Les vers en sont plus forts ; mais il y a manifestement une duplicité d’action. Alidor, dont l’esprit extravagant se trouve incommodé d’un amour qui l’attache trop, veut faire en sorte qu’Angélique sa maîtresse se donne à son ami Cléandre ; et c’est pour cela qu’il lui fait rendre une fausse lettre qui le convainc de légèreté, et qu’il joint à cette supposition des mépris assez piquants pour l’obliger dans sa colère à accepter les affections d’un autre. Ce dessein avorte, et la donne à Doraste contre son intention ; et cela l’oblige à en faire un nouveau pour la porter à un enlèvement. Ces deux desseins, formés ainsi l’un après l’autre, font deux actions, et donnent deux âmes au poëme, qui d’ailleurs finit assez mal par un mariage de deux personnes épisodiques, qui ne tiennent que le second rang dans la

  1. Var. (édit. de 1644-57) : Votre très-humble et très-fidèle serviteur.
  2. Thomas Corneille, dans l’édition de 1692, a remplacé celle-ci par cette pièce. Dans les éditions données par Corneille à partir de 1660, on trouve, à la suite de chacun des Discours, l’Examen des poëmes contenus en cette première (seconde, troisième) partie. L’examen de chaque ouvrage forme ainsi comme un chapitre particulier dans l’Examen des pièces de chaque volume, mais non une dissertation distincte. Thomas Corneille, qui le premier a séparé les examens en 1692, a été obligé parfois de modifier le texte pour faire disparaître les traces de cette continuité de rédaction. Il est inutile d’ajouter que tous les éditeurs ont agi de même. Sans les imiter en cela, nous séparons comme eux les divers examens, mais nous les mettons en tête de chaque pièce, au lieu de ne les faire venir qu’à la suite. Il y a deux motifs pour procéder ainsi : d’abord l’exemple de Corneille qui, nous venons de le dire, plaça les examens avant les pièces, ensuite la nécessité de rapprocher ces examens des Avertissements, Préfaces, avis Au lecteur, avec lesquels ils ont les plus grands rapports et dont ils ne sont même souvent que des éditions remaniées.