Clarine, je suis tout à vous ;
Ma liberté vous rend les armes :
Angélique n’a point de charmes
Pour me défendre de vos coups ;
Ce n’est qu’une idole mouvante ;
Ses yeux sont sans vigueur, sa bouche sans appas :
Alors que je l’aimais, je ne la connus pas[1] ;
Et de quelques attraits que ce monde vous vante[2],
Vous devez mes affections
Autant à ses défauts qu’à vos perfections.
Eh bien, ta perfidie est-elle en évidence[3] ?
Est-ce là tant de quoi ?
Après mille serments il me manque de foi,
Et me demande encor si c’est là tant de quoi !
Change, si tu le veux ; je n’y perds qu’un volage ;
Mais en m’abandonnant, laisse en paix mon visage ;
Oublie avec ta foi ce que j’ai de défauts ;
N’établis point tes feux sur le peu que je vaux ;
Fais que, sans m’y mêler, ton compliment s’explique,
Et ne le grossis point du mépris d’Angélique.
Deux mots de vérité vous mettent bien aux champs !
Ciel, tu ne punis point des hommes si méchants !