Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

435Et mes souhaits, qu’étouffe un soudain repentir,
En demandant sa mort n’y sauroient consentir.
Restes impertinents d’une flamme insensée,
Ennemis de mon heur, sortez de ma pensée,
Ou si vous m’en peignez encore quelques traits,
440Laissez là ses vertus, peignez-moi ses forfaits.



Scène IV.

ANGÉLIQUE, PHYLIS.
ANGÉLIQUE.

Le croirois-tu, Phylis ? Alidor m’abandonne.

PHYLIS.

Pourquoi non ? je n’y vois rien du tout qui m’étonne,
Rien qui ne soit possible, et de plus fort commun.
La constance est un bien qu’on ne voit en pas un :
445Tout change sous les cieux, mais partout bon remède[1].

ANGÉLIQUE.

Le ciel n’en a point fait au mal qui me possède.

PHYLIS.

Choisis de mes amants, sans t’affliger si fort,
Et n’appréhende pas de me faire grand tort :
J’en pourrois, au besoin, fournir toute la ville,
450Qu’il m’en demeureroit encor plus de deux mille[2].

ANGÉLIQUE.

Tu me ferois mourir avec de tels propos ;
Ah ! laisse-moi plutôt soupirer en repos,
Ma sœur.

PHYLIS.

Ma sœur.Plût au bon Dieu que tu voulusses l’être !

  1. Var. Tout se change ici-bas, mais partout bon remède. (1637-57)
  2. Var. Qu’il m’en demeureroit encore plus de mille. (1637-57)