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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/273

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CLÉANDRE.

Pour m’avoir obligé, que je vais t’affliger !
665Doraste a pris le temps des dépits d’Angélique.

ALIDOR.

Après ?

CLÉANDRE.

Après ? Après cela tu veux que je m’explique[1] ?

ALIDOR.

Qu’en a-t-il obtenu ?

CLÉANDRE.

Qu’en a-t-il obtenu ?Par-delà son espoir :
Il l’épouse demain, lui donne bal ce soir[2] ;
Juge, juge par là si mon mal est extrême.

ALIDOR.

En es-tu bien certain ?

CLÉANDRE.

670En es-tu bien certain ? J’ai tout su de lui-même.

ALIDOR.

Que je serois heureux si je ne t’aimois point !
Ton malheur auroit mis mon bonheur à son point[3] ;
La prison d’Angélique auroit rompu la mienne.
Quelque empire sur moi que son visage obtienne,
675Ma passion fût morte avec sa liberté ;
Et trop vain pour souffrir qu’en sa captivité
Les restes d’un rival m’eussent enchaîné l’âme[4],
Les feux de son hymen auroient éteint ma flamme.

  1. Var.  Après cela veux-tu que je m’explique ? (1637-57)
  2. Var. Si bien qu’après le bal qu’il lui donne ce soir,
    Leur hymen accompli rend mon malheur extrême. (1637-57)
  3. Var. Cet hymen auroit mis mon bonheur à son point (a). (1637-57)

    (a) L’édition de 1682 porte, par erreur sans doute : « à ce point. »

  4. Var. Les restes d’un rival eussent fait mon servage,
    Elle eût perdu mon cœur avec son pucelage. (1637 et 44)
    Var. Les restes d’un rival captivassent mon âme,
    Elle eût perdu mon cœur en devenant sa femme. (1648)