Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/313

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Et l’on court grand hasard d’un cuisant repentir
De se voir en prison sans espoir d’en sortir.

CLÉANDRE, à Phylis.

N’achèverez-vous point ?

PHYLIS.

N’achèverez-vous point ? J’ai fait, et vous vais suivre.
Adieu : par mon exemple apprends comme il faut vivre,
1480Et prends pour Alidor un naturel plus doux.

(Cléandre, Doraste, Phylis et Lycante rentrent.)
ANGÉLIQUE.

Rien ne rompra le coup à quoi je me résous :
Je me veux exempter de ce honteux commerce
Où la déloyauté si pleinement s’exerce ;
Un cloître est désormais l’objet de mes desirs :
L’âme ne goûte point ailleurs de vrais plaisirs.
1485Ma foi qu’avoit Doraste engageoit ma franchise ;
Et je ne vois plus rien, puisqu’il me l’a remise,
Qui me retienne au monde, ou m’arrête en ce lieu :
Cherche une autre à trahir ; et pour jamais, adieu[1].



Scène VIII.

ALIDOR[2].

1490Que par cette retraite elle me favorise !
Alors que mes desseins cèdent à mes amours,
Et qu’ils ne sauroient plus défendre ma franchise,
Sa haine et ses refus viennent à leur secours.

J’avois beau la trahir, une secrète amorce
1495Rallumoit dans mon cœur l’amour par la pitié ;

  1. Var. Cherche un autre à trahir, et pour jamais adieu. (1637)
  2. Dans l’édition de 1637, on lit au-dessous du nom d’Alidor le titre que voici : stances en forme d’épilogue.