C’est là que, loin du monde et de sa vaine pompe,
Je n’aurai qui tromper, non plus que qui me trompe.
Mon souci !
Tes soucis doivent tourner ailleurs.
De grâce, prends pour lui des sentiments meilleurs.
Nous leur nuisons, ma sœur ; hors de notre présence
Elle se porteroit à plus de complaisance ;
L’amour seul, assez fort pour la persuader,
Ne veut point d’autres tiers à les raccommoder[1].
Mon amour, ennuyé des yeux de tant de monde,
Adore la raison où votre avis se fonde.
Adieu, belle Angélique, adieu : c’est justement
Que votre ravisseur vous cède à votre amant.
Je vous eus par dépit, lui seul il vous mérite ;
Ne lui refusez point ma part que je lui quitte.
Si tu t’aimes, ma sœur, fais-en autant que moi[2],
Et laisse à tes parents à disposer de toi.
Ce sont des jugements imparfaits que les nôtres :
Le cloître a ses douceurs, mais le monde en a d’autres,
Qui pour avoir un peu moins de solidité,
N’accommodent que mieux notre instabilité[3].
Je crois qu’un bon dessein dans le cloître te porte ;
Mais un dépit d’amour n’en est pas bien la porte,