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Acte III

Scène première

Arbaze

C’est doncques dans ces lieux qu’Aglante se promène :

Asphalte me l’a dit, je n’en suis plus en peine,

Mais j’ai mal pénétré le sens de ses discours,

Ou ce jeune insolent a fait d’autres amours.

Aglante, pris ailleurs, rejette Cléonice,

Le choix que j’en ai fait lui tient lieu de supplice.

Un autre objet le charme, il me craint, il me fuit,

Et se laisse emporter au feu qui le séduit ;

Mais j’en sais le remède ; une jeune voisine,

Admirable en adresse et belle autant que fine,

Que son père, en mourant, laissa dessous ma loi,

Dans ces beaux promenoirs se doit rendre après moi.

Ses yeux vont faire essai de leur plus douce force

À lui jeter du change une insensible amorce,

Solliciter ses vœux, et partager son cœur

Avecque les attraits de ce premier vainqueur.

Entre deux passions son âme balancée

Ne suivra plus ainsi son ardeur insensée ;

Et la raison alors, reprenant son p